mardi 6 octobre 2015

l’agachon
 
- Il n’existe à mon avis aucune autre technique qui puisse procurer des sensations aussi intenses que l’agachon. On se sent appartenir au même milieu que le poisson. C’est un défi et un duel. Il ne s’agit pas d’attraper un poisson dans un trou mais de l’attirer vers soi en pleine eau, et lorsqu’on y arrive la satisfaction est plus grande. L’agachon se pratique par petits fonds ou au large en profondeur.
Dans le premier cas on est supposé chasser les sars, les loups, les saupes, les dorades, les mulets, etc ... Dans l’autre cas se sont les sérioles, les dentis, les gros sars et en général des poissons de grande taille.
1- La chasse à l’agachon par petits fonds : On la pratique surtout pendant les mois d’hiver. Il faut beaucoup de réflexes car le tir se fait à la volée dans des positions parfois impossibles, et avoir une excellente aquacité pour se faufiler entre les rochers, pour lutter contre les vagues. C’est par mer agitée et avec une eau trouble que cet agachon donne les meilleurs résultats. Il faut choisir une zone rocheuse et commencer à l’explorer en variant les positions et les postes, toujours parfaitement dissimulé derrière les rochers. La profondeur opérationnelle dépasse rarement les 10 m. Il faut trouver un poste où l’arbalète sera maintenue parallèle à la côte. " Je descends quelques mètres avant l’endroit où se brisent les vagues. La descente doit être silencieuse grâce à un bon lestage vu que la profondeur est faible. Il faut impérativement enlever le tuba de la bouche avant de s’enfoncer sous l’eau, c’est une question de discrétion. Le positionnement au fond est vraiment très important pour la réussite de l’agachon. Il faut se dissimuler derrière un rocher, bien à plat ou du moins en épousant du mieux que l’on peut le relief. A ce stade le plus difficile est de maîtriser ses palmes. Les vagues et le courant sont nos pires ennemis. Si les palmes se soulèvent, c’est comme si vous agitiez un drapeau " attention danger ". Les poissons s’éloigneront de la zone sans que vous ayez pu les apercevoir. Le tir est le plus souvent une action réflexe. Le poisson apparaît soudain, sortant de l’eau trouble. Il s’aperçoit en général de votre présence au moment où vous même le voyez. La grosse différence c’est que vous l’attendiez mais lui ne vous attendait pas. C’est lorsque le poisson passe au dessus de vous que vous avancez lentement le bras dans sa direction pour lâcher la flèche. Ces circonstances ne sont pas rares notamment avec les loups qui aiment bien le vagues en terre. Je porte une combinaison "camouflage" pour mieux me fondre dans le paysage. A faible profondeur le rayonnement des couleurs est fort et quelque soit la vision des poissons cela me semble être la tenue la plus discrête. La couleur noire pour une combinaison est bien adaptée à la profondeur où quelque soit l’ensoleillement, la masse d’eau agit comme un filtre. L’heure importe peu pour agachonner en terre. Le plus important est la saison. L’hiver est la plus appropriée des saisons parce qu’il arrive de rencontrer des compagnies de loups impressionnantes. Le fusil est d’une taille intermédiaire (90 cm), le lest est suffisant sans exagération.

 2-L’agachon en eau profonde : sur fond rocheux, sur les secs au large, près des tombants, à la pointe des caps et des écueils battus par les vagues et le courant. J’arrive sur les lieux très discrètement en laissant le bateau courir sur son erre, moteur éteint. Je me glisse dans l’eau sans un bruit après avoir analysé le sens du courant pour plonger à la recherche de mon poste. Ma dernière inspiration est plus profonde que les autres.

J’enlève le tuba de la bouche pour que les bulles ne trahissent pas ma présence. Je lance mes deux jambes en l’air en basculant le buste en avant et je m’enfonce sans bruit et en souplesse sous la surface. Mes palmes prennent le relais pour atteindre rapidement la zone où ma flottabilité devient négative. Là je peux me laisser glisser vers le fond dans une position hydrodynamique en jouant de l’assiette des palmes pour diriger et corriger ma descente.
S’il y a du courant je descends en oblique contre lui et en palmant. L’arbalète toujours plaquée au corps pour la dissimuler le plus possible aux yeux des poissons.
Avant d’arriver sur le fond je fais un tour complet sur moi même pour voir s’il y a des indices de vie. Une fois en bas je continue à observer l’attitude et la position du petit poisson. S’il est présent alors neuf fois sur dix je peux espérer la présence de prédateurs, invisibles dans le bleu, mais prêts à l’attaque. Si le premier agachon ne donne rien cela ne signifie pas que le poisson n’est pas là, il est probablement un peu loin. Sa curiosité n’est pas encore exacerbée. Pendant l’agachon il faut regarder le comportement du petit poisson car il est le meilleur indicateur de la venue ou pas du prédateur. S’il devient nerveux ou qu’il quitte brusquement les lieux, il y a fort à parier que le ou les prédateurs arrivent dans la direction opposée. Ce qu’il ne faut pas faire pendant la descente et au fond, c’est ouvrir les jambes latéralement. Cette silhouette est un véritable épouvantail à poissons, il faut absolument garder les jambes unies.

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